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Il y a quelques mois, le conseil d’État a autorisé la production de vin effervescent dans le cadre d’une IGP Méditerranée. Dans le Vaucluse, avec son « M », Marrenon se frotte les mains.
La Tour-d’Aigues, aimable commune vauclusienne plantée en plein cœur du Lubéron, n’est pas le berceau du vignoble du sud de la France. Même si de très honorables vignerons y élaborent un vin pétri de qualités.
C’est néanmoins ici que prospère Marrenon. Marrenon c’est la marque d’une union de producteurs organisés en sept caves coopératives du coin : Maubec, Bonnieux, Apt, Cucuron, Grambois, Pertuis, et Ansouis. Et Philippe Tolleret, directeur général de Marrenon, met immédiatement les choses au point : « Nous sommes producteurs, pas négociants. Nous sommes à 100 % producteurs de nos vins. » Voici qui est dit. Des AOC Lubéron et Ventoux, et aussi un vin de pays. Un terroir qui représente 4500 hectares de vignes et réunit 650 vignerons qui travaillent les trois couleurs. Avec syrah, grenache, et vermentino pour cépages.
En 2006, cette grande famille jusque-là désunie a donc décidé de prendre en main son destin commercial sous la bannière Marrenon. «Pour construire la hiérarchisation de nos vins à différents niveaux de prix», explique Philippe
Tolleret. Avec une montée en puissance de la qualité, de la parcelle au verre en passant par la cave. L'objectif est de vendre 200000 bouteilles par an et pour ne rien rater des offensives du marché, Marrenon a pris le train du vin effervescent. Avec le rosé, ces deux tendances connaissent depuis quèlques années un
essor considérable. Voici comment est né le «M», élaboré en méthode traditionnelle. «Pas pour une consommation statutaire, comme le champagne par exemple, mais pour une consommation plaisir», indique Philippe Tolleret. À
neuf euros la bouteille chez les cavistes, et à ne surtout pas confondre avec un vulgaire mousseux. Avec 30000 bouteilles de «M» vendues cette année en France et à l'export, Marrenon considère avoir encore beaucoup de chemin à parcourir. Son objectif étant d'atteindre les 200 000 flacons d'ici deux ou trois ans.
Et si Marrenon ne veut pas que son vin de pays effervescent rosé soit pris pour ce qu'il n'est pas, c'est aussi parce qu'il bénéficie depuis peu d'une précieuse IGPMéditerranée. Une indication géographique protégée qui change tout. Le
14 décembre dernier, le Conseil d'État a en effet rendu un arrêt, autorisant la production de vins effervescents dans le cadre de cette IGP Méditerranée qui fait directement référence à un territoire connu dans le monde entier.
Sur la bouteille, voilà qui a une autre allure qu'une simple IGP vin de pays. Et qui est de nature à informer et rassurer le consommateur. Pour Philippe Tolleret, «c'est une opportunité terrible ». D'autant que d'autres candidats français à une IGP ont, eux, été recalés. Un joli coup de pouce qui autorise donc toutes les
ambitions au «M», qui est fabriqué par le Centre de méthode champenoise de Flassans-sur-Issole (Var). Selon la méthode traditionnelle et de manière à obtenir un vin àll,5°C.
Après son Gardarem 2012 qui a été élu meilleure syrah du monde, ou encore sa certification Agriconfiance, qui est un label d'organisation de la production (traçabilité, sécurité...), l'IGP Méditerranée est donc une nouvelle pierre à l'édifice patiemment construit par la marque présidée par Jean-Louis Piton, vigneron àApt et président du comité permanent de l'INAO. Marrenon, dont le chiffre d'affaires consolidé est de plus de 34 millions d'euros, affiche clairement son désir de conquête. Mais pas n'importe comment. Phillipe Tolleret explique que si l'objectif est « la montée en gamme », il n'est pas «de rechercher une extension à tout crin».
